Il est des vérités qui ne peuvent
s'apprendre que dans le bruit et la confusion de la place du marché ou
dans la terrible brutalité du combat. Le tumulte et les cris portent en
eux leur propre enseignement...
Mais il est une autre école où l'âme doit se rendre pour apprendre ses
meilleures leçons, les plus éternelles. C'est l'école du silence.
"Arrêtez et sachez", dit le psalmiste. On trouve ici une
philosophie profonde, dont les applications sont universelles.
La prière chez les chrétiens évangéliques court toujours le risque de
dégénérer en une ruée vers l'or effrénée. La majorité des livres écrits
sur le sujet abordent essentiellement l'aspect "recevoir".
Comment recevoir ce que nous attendons de Dieu occupe presque tout notre
temps. Evidemment, nous sommes d'accord que nous devons demander pour
recevoir des dons spécifiques, mais nous devons aussi garder à l'esprit
que la plus haute forme de prière ne consiste pas à demander. La prière,
dans ce qu'elle a de plus sacré, consiste à venir devant Dieu dans un état
de communion intime, qui fait paraître bien pâles les miracles et les réponses
aux prières les plus extraordinaires.
Les saints hommes qui vécurent dans des périodes plus sobres et plus
calmes que les nôtres connaissaient bien la puissance du silence. David
disait: "Je suis resté muet, silencieux; je me suis tu, loin du
bonheur; ma douleur était extrême. Mon cour brûlait au dedans de moi;
dans mon murmure, un feu dévorait, et la parole est venue sur ma
langue."
Voici ici un conseil pour nos prophètes modernes. Le coeur se réchauffe
rarement quand la bouche est ouverte. Une bouche fermée devant Dieu, et
un coeur silencieux sont indispensables pour recevoir certaines vérités.
Nul n'est qualifié pour parler s'il n'a d'abord écouté. Cette révélation
pourrait être libératrice pour de nombreux chrétiens s'ils pouvaient se
mettre à part dans le calme pour une courte période de temps,
suffisamment longue disons pour toucher du doigt leur propre âme, et pour
écouter dans le silence la voix profonde du Dieu éternel. L'expérience,
répétée souvent, ferait plus pour guérir nos ulcères que les médicaments
les plus efficaces.
A. W. Tozer
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