"Nos
lieux de réunions"
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Nous avons bâti notre première salle à Unterseen, dans les années 1913-1914.
Notre Père céleste nous en avait donné l'ordre, ce qui nous a dispensés d'aller
mendier les fonds nécessaires. Nous avions convenu que personne ne devait parler
de collecte à ce sujet dans nos réunions, car lorsque Dieu nous demande de faire
quelque chose il n'est pas nécessaire de faire de dettes, et encore moins
d'aller mendier pour exécuter son ordre. J'étais persuadé que, comme enfant du
Tout-Puissant, je n'avais qu'à faire part de mes besoins à lui seul. Au
commencement de la construction, quelqu'un s'était permis de collecter, sans en
avoir été chargé. J'avais envoyé un frère à Ried pour présider le culte. Un
petit homme se leva alors et dit: « Prochainement nous voulons construire une
chapelle à Unterseen, je voudrais mettre au coeur des auditeurs de s'en souvenir
lors de la collecte ». Le frère que j'avais envoyé fit remarquer à l'assemblée
qu'il me connaissait, et qu'il ne pensait pas que cet appel fût selon ma
volonté. Dans cette assemblée, la collecte se montait ordinairement à trente ou
quarante francs. Il n'y eut que deux francs septante ce soir-là! Cela me réjouit
beaucoup, car cela me fit constater que les gens de cette réunion étaient
obéissants; c'est intentionnellement, qu'ils avaient donné moins que d'habitude.
Il nous fallait ensuite acheter un terrain pour pouvoir construire à Kaichofen
mais, humainement parlant, il n'y avait pas d'espoir qu'un de nos voisins nous
en cède. Je dis aux frères de notre assemblée que nous obtiendrions du terrain
si Dieu le voulait, et j'envoyai mon fils chez un voisin pour lui en demander.
Il répondit que bien des gens avaient déjà voulu lui en acheter, mais qu'il
avait toujours refusé d'en vendre. J'étais un peu déçu et me demandais si je
m'étais trompé quant aux directives de Dieu? Le lendemain matin, le voisin en
question et son fils étaient devant ma porte, me priant de venir faire
l'arpentage du terrain. Nous n'avions que l'argent nécessaire à cet achat et
pourtant Dieu m'avait donné la certitude que nous devions bâtir. Nous avons donc
commencé et, comme il nous fallait bâtir sur un cours d'eau, je commandai un
wagon de ciment, promettant de le payer comptant. Dieu nous donna sans cesse
l'argent qui nous fut nécessaire, jusqu'au moment où la maison fut à moitié
bâtie; puis plus aucun don ne me parvint. Je craignais d'être obligé d'arrêter
la construction et pensai: « Que diront les gens? Il a commencé de construire et
n'a plus les moyens de terminer ». Je fis paraître quelques lignes dans notre
journal « Friedensbotschaft » pour remercier ceux qui avaient envoyé des dons
anonymes, mais mon arrière-pensée était la suivante: Les membres de l'assemblée
se ressouviendront ainsi de la construction de Kalchofen et recommenceront à
nous envoyer de l'argent. Heureusement, rien ne vint, l'insertion n'exerça
aucune influence. Enfin mes yeux s'ouvrirent! J'avais fait de la chair mon appui
et attendu l'argent des hommes et non de Dieu. Je m'humiliai et je pus de
nouveau reconnaître que Dieu seul est le donateur, et qu'il était toujours mon
tendre Père. Les dons recommencèrent d'affluer, ce qui nous permit de terminer
notre construction. Il survint encore maintes épreuves. Par exemple, un jour il
me manquait 700 francs pour effectuer un paiement. Quelqu'un arriva subitement,
tout en sueur, m'apportant cette somme, de sorte que la facture put être payée à
l'échéance. Une autre fois, comme il me manquait 500 francs, Dieu permit qu'une
soeur en Christ ne pût s'endormir avant de m'avoir envoyé cette somme. Oui,
notre Père céleste connaît tous nos besoins, la maison fut terminée sans
interruption, et l'on put l'inaugurer sans dettes.
Je voudrais encore relater ici l'expérience suivante: Quelque temps après,
pendant la nuit, des adversaires jetèrent des bouteilles d'encre rouge contre la
façade de la maison. En voyant cela, je me dis: « Les gens qui passent vont
maintenant se réjouir et se moquer de nous. Il faut tout de même que la police
soit prévenue et que ces fripons soient punis. Les autorités sont là pour
protéger les honnêtes gens ». En donnant libre cours à de telles pensées,
j'étais évidemment à l'école du diable. Mon fils aîné m'avertit en disant: «
Père, l'affaire tournera mal si tu t'adresses à la police ». Mon gendre, par
contre, était d'avis que je devais agir carrément. A cette époque, je n'étais
pas encore président de l'Assemblée évangélique des frères; j'informai donc
celui-ci par téléphone de ce qui s'était passé. Il me répondit: « Ne déposons
pas plainte, laisse-moi faire, le gendarme est un de mes parents, je lui en
parlerai». Ce jour-là, j'avais à bénir un mariage et, à cette occasion, je lus
le Psaume 91. Quand j'arrivai au verset: « Aucun malheur ne t'arrivera, aucun
fléau ne s'approchera de ta tente », je fus soulagé de mon fardeau. Je compris
la pensée du Seigneur et il modifia mes pensées à l'égard des auteurs de ces
méfaits. Je reconnus que je n'étais pas resté « à l'abri du Très-Haut », sans
quoi toute cette affaire n'aurait pas été un fléau pour moi. Je m'humiliai et me
sentis alors de nouveau dans la retraite du Très-Haut; la chose ne m'apparut
plus comme un malheur; et je pus regarder comme un honneur, la couleur répandue
sur la façade de notre maison. J'interrompis alors la cérémonie de mariage pour
téléphoner au président qu'il ne devait rien dire au gendarme, que le coupable
était pris, et ce coupable, c'était moi! Puis je terminai la bénédiction du
mariage. Combien j'étais heureux! Quelque chose n'était pas en ordre et Dieu me
l'avait fait comprendre. Ces ennemis devenaient ainsi les instruments que Dieu
utilisait pour m'éduquer. Peu après, je réalisai encore quelque chose de plus
grand. Je pensais devoir faire repeindre la maison, ce qui aurait coûté beaucoup
d'argent. Sur ces entrefaites, je partis en voyage. De retour après trois jours
d'absence, j'eus l'intention de faire venir le peintre et, levant les yeux,
j'inspectai la maison. Toute trace de couleur avait disparu, tout était propre!
Le Père céleste avait tout effacé, gratuitement, cela ne m'avait rien coûté!
A cette époque, j'avais beaucoup de tentations et j'en souffrais, car il me
semblait souvent que Dieu ne m'aimait plus, mais ce fait me fit comprendre que
Dieu m'aimait et qu'il ne m'avait pas rejeté. Quel bienfait de se confier en
lui! Nous traversons, il est vrai, bien des peines et des difficultés, mais nous
expérimentons par elles sa puissance. Si le Très-Haut est notre Père, nous
pouvons être assurés qu'il prendra soin de ceux qui se confient en lui.
Lorsque nous eûmes l'intention de construire une maison de réunion à Dettenried,
nous ne possédions aucun argent. Le comité délibéra et je proposai de bâtir dès
que nous aurions les fonds; nous n'avions pas la certitude que Dieu approuvait
ce projet. Quelques frères de cet endroit disaient: « Mais Dieu a de l'argent,
il en donnera sûrement! » Je leur demandai s'ils en avaient la certitude et si,
au cas contraire, ils en supporteraient eux-mêmes les charges? Aucun d'eux ne se
porta garant de la dépense. A la séance du comité, nous décidâmes d'attendre et
de ne pas faire de dettes. Mais ensuite, en lisant la méditation, après le
repas, je reçus l'assurance intérieure que nous osions construire. Je réunis de
nouveau le comité, et la construction fut décidée. Quant l'édifice fut terminé
et payé, il restait 10 000 fr. en caisse.
Ensuite vint le tour de Delémont. Là aussi Dieu me donna la conviction que nous
devions acheter une maison - un ancien restaurant. D'autres frères préféraient
en construire une nouvelle. Comme j'étais certain d'accomplir le dessein de
Dieu, nous achetâmes cet ancien restaurant; il nous manquait cependant 8000 fr.
pour payer comptant. Circonstance curieuse, les vendeurs ignoraient à qui devait
échoir en partage une part de 8000 fr. précisément. Après quelques semaines,
comme j'avais promis de payer comptant, je priai notre caissier d'informer les
vendeurs de notre intention de payer ce solde. On nous pria de transférer ce
montant, dans la huitaine, à une banque de Berne. C'était un samedi. Or, à ce
moment, nous ne disposions pas encore d'un montant si élevé. A nouveau, je fus
assailli par de grandes tentations, pensant qu'on mettrait maintenant ma
certitude en doute, en disant: « Si Dieu lui avait vraiment confié le mandat
d'acheter, il lui en aurait aussi donné les moyens ». Je reçus ce montant entre
temps, et le fis virer immédiatement à l'adresse de notre caissier. Celui-ci put
en prendre possession à la poste le vendredi et payer le montant dû.
Depuis longtemps déjà se faisait sentir le besoin de posséder une salle pour nos
grandes conférences. Pendant bien des années, nous les avons tenues dans la
ferme de la famille Ramseyer à la « Zelg », près d'Aeschlen, qui mettait toute
sa propriété à notre disposition. La grange servait de salle de réunion, mais
bientôt elle s'avéra tout à fait insuffisante. Nous fûmes dès lors contraints de
tenir nos assemblées dans une forêt toute proche, où nous eûmes le privilège de
réaliser des miracles. Il arriva en effet que deux ou trois ans de suite, il
plut tout autour de nous, pendant les réunions, tandis que nous étions épargnés.
Je m'aperçus un jour que beaucoup de frères et soeurs en tiraient vanité, se
faisant une gloire de ce que Dieu nous accordait cette faveur. Cela m'obligea à
déclarer: « Il va pleuvoir, maintenant ». Et réellement la pluie ne se fit pas
attendre, elle tomba même avant la fin de notre réunion. Cela nous engagea
d'autant plus à reprendre la question d'une construction. Nous essayâmes de
trouver un terrain approprié à Aeschlen, mais telle n'était pas la volonté de
Dieu. A cette époque, j'habitais encore à K. et, à cause de la situation
centrale de cet endroit, nous pensions construire là notre salle de conférences,
mais Dieu ne le permit pas non plus, il s'opposa à nos plans. D'abord, nous
pensâmes que les gens de cet endroit en étaient la raison, mais ensuite, nous
nous aperçûmes que c'était bien Dieu qui nous en empêchait. Depuis, souvent nous
l'avons remercié de n'avoir pas permis que nous bâtissions là.
Alors, Dieu dirigea les choses pour que nous puissions construire à Steffisbourg.
Je réfléchissais souvent au problème, me demandant comment il fallait construire
pour avoir en même temps une chapelle pour les réunions ordinaires, et une salle
pour les grandes conférences, mais aucun plan convenable n'arrêtait mon
attention. Je reçus le plan de construction de Dieu, un matin, alors que je me
trouvais chez la famille B., à Adelboden. Il me montra d'abord le réfectoire,
puis je vis la salle, la galerie, le logement et le dortoir; tout était
exactement pareil à la maison de conférences que nous avons ensuite bâtie, telle
que vous la voyez aujourd'hui. Le frère B. faisait les croquis exactement
conformes à ce qui m'avait été montré. En ce qui me concerne, j'aurais préféré
avoir la certitude de pouvoir construire, plutôt que de ne posséder que le plan,
car nous n'avions pas suffisamment de fonds pour son exécution. Quand on veut
entreprendre quelque chose, et que l'on n'a pas ou trop peu d'argent, un
sentiment d'angoisse cherche à s'emparer de nous, et l'on se sent poussé d'en
parler à d'autres, de leur faire connaître nos besoins. Mais c'est à Dieu que
nous devons les apporter. C'est ainsi que par la foi nous avons commencé de
construire, et Dieu nous fit don de l'argent nécessaire. Nous lui avions exposé
nos besoins, car j'étais arrivé à la conclusion, puisque Dieu nous avait donné
un plan, qu'il exprimait ainsi sa volonté, et qu'il nous donnerait certainement
les moyens de l'exécuter. Nous ne fûmes pas déçus. Aujourd'hui, nous disposons à
Steffisbourg d'un, espace que nous n'aurions jamais pu obtenir à Kaichofen.
A cette époque, nous étions loin de prévoir l'extension que prendrait le
mouvement, et qu'il nous faudrait par la suite un grand parc pour les vélos, les
voitures et les cars. Mais la famille Oester met souvent à notre disposition
l'espace dont nous avons besoin. Dans la grande salie il y a place pour 3000
personnes. Et pendant les conférences qui durent quatre jours, environ 700
personnes peuvent passer la nuit dans les dortoirs aménagés à l'étage supérieur.
Le réfectoire peut contenir 350 personnes et, lors des conférences, le dimanche
on y a servi jusqu'à 2700 dîners.
Oh! Que de bienfaits nous ont été dispensés par le Tout-Puissant, par pure
grâce, car nous n'avions rien mérité! C'est à des milliers de personnes que nous
pouvons annoncer la vérité, le message glorieux de la bonne nouvelle du sang de
Jésus-Christ, qui rachète et purifie! Nous ne sommes pas dignes de toute la
miséricorde et de la fidélité que Dieu nous témoigne. A lui seul en soit toute
la gloire. C'est ainsi que par la grâce de Dieu, plusieurs salles de réunions
furent construites les unes après les autres. Chacune a son histoire
particulière. Au moment où j'écris ces lignes (en 1940), nous en comptons une
vingtaine. Toutes sont des monuments de la bonté et de la grâce de notre Père
céleste; nous avons tout reçu de ses mains fidèles, sans contracter la moindre
dette.
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