Il
est humain de faire chorus avec la foule. Il est divin de se tenir
debout et seul. Humain de suivre le peuple, de se laisser emporter par
le courant; divin de suivre un principe, de lutter contre le courant. Il
est naturel de compromettre sa conscience, et de suivre la mode sociale
et religieuse par amour du gain ou du plaisir; il est divin de les
sacrifier tous deux sur l'autel de la vérité.
"Personne ne fut avec
moi, mais tous m'abandonnèrent", écrivait le vaillant apôtre en
décrivant sa première comparution devant Néron, parce qu'il croyait
et enseignait contrairement au monde romain. La vérité n'est plus de
mode depuis que l'homme a changé sa robe d'immaculée lumière pour un
vêtement de feuilles fanées.
Noé bâtit, et voyagea seul. Ses voisins se moquèrent de ses craintes
puériles en apparence et périrent tous, sans une seule exception.
Abraham marcha et adora seul. Les Sodomites se riaient du simple berger;
ils suivirent le courant du monde et furent la proie des flammes. Daniel
mangea et pria seul. Elisée sacrifia et témoigna seul. Jérémie prophétisa
et pleura seul.
Jésus aima et mourut seul.
Il déclara, concernant le
chemin solitaire que devraient fouler ses disciples : Etroite est la
porte et resserré le chemin qui mène à la vie et il y en a peu qui le
trouvent. Le traitement qu'ils auraient à subir de ceux qui marchent
dans le chemin large est décrit ainsi: Si vous étiez du monde, le
monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du
monde, le monde vous hait.
Israël au désert louait
Abraham, et persécutait Moise. L'lsraël des Rois louait Moise et persécutait
les prophètes. L'Israël de Caïphe louait les prophètes et persécutait
Jésus. L'Eglise des papes louait le Sauveur et persécutait les saints.
Et aujourd'hui des multitudes dans l'Eglise professante et dans le monde
applaudissent le courage et l'énergie des patriarches et prophètes,
des apôtres et martyrs, mais condamnent comme de l'entêtement ou de la
folie, la même fidélité pour la vérité.
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